Schedar
7 pi / 3,3 m (grandeur nature)
Cassiopée est une entité venue, du plus profond de l’univers, souffler des étoiles de bonheur sur terre. Elle est construite comme une étoile filante, tout son corps propulsé vers l’avant, telle une météorite avec sa suite scintillante. Sa chevelure bleutée, parsemée d’étoiles, traîne derrière elle. Sa main droite est chargée d’une profusion d’étoiles, qu’elle souffle généreusement sur le monde. Sa main gauche pointe la carte stellaire de son origine. Comme on entend le bruit de la mer dans un coquillage, elle écoute le bruit de l’univers, une étoile à son oreille. Son pied droit baigne dans une constellation d’étoiles afin de souligner la pérennité de la source.
Schedar est l’étoile la plus lumineuse de la constellation de Cassiopée. Chaque sculpture grandeur nature de la série porte le nom d’une des cinq étoiles de cette constellation : Schedar, Caph, Tsih, Ruchbah (ou Ksora) et Segin.
Anecdote
Voir Cassiopée (#58)
Comme tout le reste, c’est de façon autodidacte que j’agrandis la maquette. (À cette époque, je me sentais comme l’homme qui a décidé de faire la traversée de l’Atlantique, en solitaire. S’il n’accomplit pas cet exploit, une partie de lui meurt et le miroir ne lui renverra qu’une image incomplète de lui-même. Quand je construisis la charpente de Shedar, je quittais la rive… Dieu, que j’avais peur!) Le système consistait en deux charpentes de bois : l’une de dix-sept pouces, pour la petite Cassiopée, l’autre de sept pieds, pour celle en devenir. À chaque arête, il y avait une multitude de clous et de ficelles placés proportionnellement. Ce laborieux chantier trônait en plein milieu du salon.
Les problèmes?
Le premier agrandissement en cire était inadéquat. J’optai pour la glaise : le poids et l’instabilité du matériau provoquèrent l’affaissement du pivot central et la chute fréquente du travail, de plusieurs jours, sur le sol. Pour consolider, je clouai des câbles de métal directement au plafond du salon. Le coefficient d’élasticité des ficelles changeait les proportions. Arrivée aux épaules, l’oeuvre était belle et ressemblante, mais avec vingt-huit pouces en trop! La masse entière commençait à tordre. Puis, un soir, alors que je regardais la télévision avec mes deux fils, la sculpture pivota sur son axe. À trois, couverts de boue, nous avons pu contrôler les dégâts. (Là, je me sentais seule, en plein milieu de l’océan, sans boussole. Est-ce que je dois laisser tomber?) Je consolide le tout et décide de faire l’agrandissement à l’oeil, me fiant à mon instinct. Chaque jour, les linges qui recouvraient l’oeuvre devaient être mouillés. Dans ce décor incroyable, je donnai même une conférence à une cinquantaine d’étudiants universitaires, en terminant par le cours « guenilles 101 »! (Les jours se suivent, au début, lors des désastres, je disais à Dieu qu’il était trop dur, son job, et que j’abandonnais. Deux semaines plus tard, je recommençais. Aux derniers désastres, l’arrêt du travail ne durait plus que deux jours). Parvenue à faire les mains, j’ai cru vivre mon Waterloo. La sculpture, bien que presque parfaite, semble porter des gants de ski. (Je doute de revoir la rive!) Après bien des déboires je pus enfin admirer l’oeuvre… quelques jours, car il fallait continuer l’étape de l’alginate, puis du plâtre. À l’étape du moule de caoutchouc, je m’en mis plein les cheveux, conséquence : une coupe sévère! Les autres étapes apportèrent chacune leur lot d’inconvénients.
Traitement
Bronze (7pi/3.3m) patiné noir. Les cheveux sont bleutés, toutes les étoiles polies miroir. Sur les épreuves d’artiste, les étoiles sont plaquées or vingt-quatre carats.
Série de cinq, portant chacune le nom de l’une des étoiles de la constellation : Schedar, Caph, Tsih, Ruchbah ou Ksora et Segin.